Texte de Jamal Nouman.
Du moment que la musique occupe une place prépondérante dans l’histoire contemporaine du Maroc, il est certain que le cas de celle dite arabo-andalouse a soulevé une polémique sur son statut terminologique… Nombreuses étaient les tables rondes et les congrès organisés sur cette musique. Critiquée comme étant archaïque et monotone, sa simplicité et sa poésie laissent deviner que ce sont les deux atouts prometteurs de l’art du troisième millénaire… Basta d’en faire un symbole de gloire et du génie d’autrefois car toutes les musiques sont vivantes. Pour cette raison, j’ai dû engager un duel avec moi-même en choisissant un répertoire collecté par différents supports : cassettes, livres, internet et quelques choix d’un événement musical…
À Rabat, je connaissais pas mal de monde dans le milieu artistique suite à mes collaborations dans le domaine du Théâtre et de la Musique. Parmi eux, Jawad Elajnad. Un ami chez qui j’ai été pas mal de fois invité et avec lui je vais faire une très bonne découverte. Sa femme, Martine Labbé, musicienne et active du milieu rbati m’invite à animer un masterclass chez 3ZEM autour du thème Transposition actuelle du terroir marocain. Cette relation fructueuse va donner naissance à un concert ensemble après avoir échangé pas mal d’idées sur la musique locale et son impact sur le panorama artistique. Chose dite, chose faite: quelques semaines plus tard j’avais signé un contrat avec l’Institut espagnol à Casablanca pour donner un concert de musique arabo-andalouse…
Je fus très heureux à la fin du spectacle car le résultat du travail avec deux talentueuses artistes : Martine Labbé à la trompette et à la flûte, et Souhaila Zgawa au chant avait ressuscité en moi un nouvel enthousiasme pour cette musique. Une nouvelle envie s’empara de moi pour revenir sur scène suite à une absence de trois années. En 2016, j’avais décidé de ne plus continuer cette entreprise de chanter ni pour la radio, ni pour la télé. Mais avant de débarquer sur la scène casablancaise, Martine et moi nous sommes donné quelques rendez-vous à Larache, puis à Rabat pour répéter ensemble les mélodies composées à la guitare qui servaient de support aux textes de cette musique classique. Un retour très doux pour ne pas gâcher un effort de quelques petites semaines devant nos pupitres. Mais ce qui m’a le plus frappé, c’était le courage de Martine. N’étant aucunement habituée à ce genre, ni avoir collaboré auparavant avec cette école traditionnelle, elle avait tout bien assimilé dès le début. Je lui avais envoyé les morceaux enregistrés par mon Samsung G1 et ma surprise fut grande de voir comment un esprit méthodique bien éveillé réagissait aux petits détails de notre challenge musical. Bien que ce répertoire serve de référence pour beaucoup d’artistes de la vieille école qui, malheureusement, n’ont pas une formation musicale en bonne et due forme, l’univers sonore de Martine laissa libre court à une belle expression fantastique, ce qui a permis de bien travailler sur des arrangements réfléchis. Ce fut un jour magnifique où nous avons donné ce concert tant attendu de musique arabo-andalouse. Un récital de la Nouba maghrébine à l’Institut Cervantes de Casablanca en présence d’un publique jeune et enthousiaste de la métropole.